jeudi 21 juin 2012

"C'est ce que nous sommes tous, des amateurs, on ne vit jamais assez longtemps pour être autre chose"

Cette citation serait-elle de Rocco Siffredi? Non, elle est droit sortie de la bouche de Charlie Chaplin bien avant que notre hardeur italien ait pu y penser. Mais pourquoi pas? Après-tout, la question de l'amateurisme dans les films à caractère pornographique est très intéressante car elle ne porte plus dans ce registre sur une simple caractéristique technique : elle devient définitoire d'un genre. Et comme le film fantastique ou la comédie sentimentale, le porno amateur est bien un genre. Il a en effet ses propres codes filmiques, ses situations récurrentes, ses classiques et constitue un champ sémantique permettant aux spectateurs de situer les films selon des critères qu'ils connaissent et reconnaissent et de guider leurs choix selon un horizon d'attente. Le genre "amateur" en pornographie ne caractérise pas toujours des films faits par des non-professionnels, et sur les sites Internet à caractère pornographiques, l'étiquette "amateur" regroupe plusieurs modes de tournages et de production que l'on peut considérer comme des sous-catégories.
  • On peut y trouver des films "faits maisons", réalisés par des amateurs avec leur propres moyens techniques et ne mettant pas d'argent en jeu. C'est le cas des fameuses sextapes, principalement connues lorsqu'elles concernent des stars qui ne sont pas actrices porno ou pas actrices du tout. La caméra est généralement au poing au début puis posée de façon à voir la scène de loin puis laissée fixe, en place. Les scènes "classiques" sont les wake-up sex, les sextapes que des hommes diffusent pour se venger de leurs ex et le sexe sous la douche pour les couples. Le Girl masturbating on web cam pour les plaisirs solitaires. Les Sexgames et College fuck party pour les groupes.
  • On y trouve aussi des films appartenant à des circuits de production et de distribution professionnels et mettant en jeu des amateurs. On peut penser aux films dans lesquelles un ou une professionnel(le) permettent à une personne célibataire ou à un couple de vivre sa/leur première expérience devant la caméra. La caractéristique commune entre ceux-ci et les films faits maisons est l'exploitation de l'innocence présumée d'une personne amatrice. Les discussions ne sont pas préparées et dialogues et commentaires tournent quasi-uniquement autour du fait que c'est une découverte, une première fois, comme une seconde perte de virginité.
  • La troisième sous-catégorie (ou sous-genre) concerne les films entièrement professionnalisés mais exploitant de manière assumée le concept de l'amateurisme. Les scènes se déroule dans des lieux de tous les jours. La caméra y est généralement subjective (c'est-à-dire caméra au poing) pour feindre une absence de moyens techniques, l'image n'y est pas d'une qualité parfaite, et il se peut même que la caméra soit une webcam en plan fixe, pour augmenter la sensation du spectateur de vivre une expérience intime avec une personne "proche de lui".
Quelque soit la catégorie dans laquelle se situe le film pornographique amateur, l'horizon d'attente qu'il défini met en jeu la sincérité de l'acte, le réalisme de la scène, l'intimité ou la spontanéité dans laquelle se trouve les protagonistes. Les films pornographiques amateurs se situent généralement dans une réalité éloignée des fantasmes que l'on trouve dans les autres films à caractère pornographiques. On y voit rarement un plombier réparer les tuyaux de la ménagère, ou la masseuse offrant à son client un supplément gratuit. Le massage sexuel du porno amateur se fera dans le cadre privé et apparaitra d'entrée de jeu comme conduisant à d'autres contacts corporels.

       Sur les supports écrits (médiatiques et artistiques), comme la presse magazine, le roman et les blogs, il me semble que le récit de l'amateur révèle des histoires, des instants qui se rapprochent fortement des fantasmes des clichés pornographiques et érotiques, comme ceux précédemment cités. Dans le magazine Union, dont nous avons interviewé le rédacteur en chef, Adam de Lichana, dans l'émission sur l'amateurisme (podcast ci-dessous), un homme raconte comment il en est arrivé à coucher avec la femme de son meilleur ami à la demande de ce dernier qui profitait des photos qu'il recevait pendants leurs ébats, ou encore une esthéticienne raconte comment elle a succombé "l'énorme sexe" d'un de ses nouveaux clients, etc.

Mon sentiment est que cette remarque revient à transposer la question de l’œuf et de la poule au fantasme du plombier. Je m'explique : est-ce une aventure entre un plombier et une ménagère qui a entraîné les films qui relatent cette histoire? Ou bien, sont-ce les films fantasmant une aventure entre un plombier et une ménagère qui en ont entrainé la réalisation? Autant que j'évite de marcher sur les œufs, je ne m'aventurerais pas non-plus à répondre à cette question, la seule chose que je pense est que les deux s'alimentent mutuellement. Les films entrainant la réalisation du fantasme, réalisation dont le récit permettra une nouvelle représentation de ce fantasme, et ainsi de suite.

       Je vous laisse maintenant écouter le podcast de l'Émission Menstruelle du 31 janvier 2012, dans laquelle vous trouverez entre autres, une interview de Adam de Lichana, rédacteur en chef du magazine Union, la chronique de Henri Gribouille qui nous parle cette fois-ci des Sex-tapes des célébrités, ou encore une lecture du Courrier du mois de Novembre du magazine Union réalisé par vos trois animateurs Antonin et Sylvie Toupie accompagnés de Henri Gribouille.

«En amour, je resterai amateur de soupirs jusqu'à mon dernier souffle» SimEn amour, je resterai amateur de soupirs jusqu'à mon dernier souffle.

L'AMATEUR

Permettre une réflexion sur la pornographie !
Un frère, une sœur, du cul. Mais pas que. Des extraits, des analyses, des invités avec à chaque fois un grand thème : Internet, les étudiants, la bande son, la simulation... tout ça avec un point de vue sémio et socio.

mercredi 6 juin 2012

Comment emballer au théâtre? Suivez l'guide

Je suis venu, j'ai vu, j'ai conclu tel était le nom de l'émission à laquelle j'ai participé l'été dernier sur Radio Campus Avignon. À un mois du Festival d'Avignon, rien de tel qu'un retour sur expérience : choisir le spectacle en fonction de la fille ou du garçon visé, l'horaire en fonction de l'après spectacle planifié, le thème de spectacle sur lequel vous savez tout pour étaler votre culture, et cætera, et cætera.
En somme, autant de stratégies dont il est toujours bon de connaitre les tenants et les aboutissants avant de les appliquer.

Je suis venu, j'ai vu, j'ai conclu : première tentative 
 Émission diffusée tous les jours pairs pendant le Festival d'Avignon.



Les onze (contre) leçons de drague au Festival d'Avignon sont ici en début d'émission, suivies des autres chroniques. De quoi patienter un mois sans problèmes.

L'émission portait le nom de ma chronique puisque que j'étais le chroniqueur systématique de l'équipe de Radio Campus Avignon mais je n'étais heureusement pas seul à la faire. Jules à l'animation et à la régie ainsi que Manon, Amélie et moi-même aux chroniques constituions l'équipe de Radio Campus Avignon. Accompagnés de l'équipe de la Boîte à culture et de l'équipe du Semioblog qui en bonne élève a publiée des versions écrites de ses chroniques que je vous recommande fraichement en période estivale.