Germinal
Halory
Goerger & Antoine Defoort
«
Et si on avait la possibilité de repartir de zéro, même à l’intérieur de huit
mètres par huit, on ferait comment ? »
La
lumière baisse côté public, les spectateurs arrêtent de parler, puis la
lumière se rallume un peu, puis elle rebaisse. Un projecteur s’allume très
progressivement sur la scène, puis s’éteint puis se rallume et se re-éteint
jusqu’à s’allumer totalement. Quatre personnes sont assises sur un côté de la
scène, une console à la main et testent les boutons, allumant tantôt un
éclairage à droite, tantôt à gauche, et cetera.
Au
bout d’un moment, l’un d’eux se lève et teste un bouton sans comprendre à quoi
il sert. Il pousse le bouton et derrière lui un sous-titre affiche du genre
« il marche pas ce bouton ! », « à quoi il sert ? ».
Jusqu’à ce qu’il se rende compte que le bouton lui permet justement de traduire
ses pensées à l’écrit et donc de les transmettre à d’autres. Il montre sa
trouvaille aux autres, et c’est là que communiquant par cet outil tout
nouvellement trouvé, ils commencent à interagir et à découvrir cet univers de
la taille d’une scène ainsi que ses possibilités.
Le
postulat de base et donc le suivant : supposons que quatre individus
soient les premiers d’un univers, et qu’au lieu de naître/d’apparaître dans un
univers entouré de nature, ils apparaissent dans un univers numérique. Qu’au
lieu de cailloux comme premiers outils, ils aient entre leurs mains des
consoles.
Je
ne veux pas en dire plus tellement la découverte du spectacle au fur et à
mesure est un plaisir de tous les instants. Je vous dirais seulement que ce
spectacle est génial et je pèse mes mots. Les personnages vont découvrir la
communication, par geste, puis par l’écrit, puis orale et ainsi de suite.
La
dose d’humour est très forte et la dose de réflexions sous-jacentes l’est tout
autant, et c’est ce qui est la grande réussite de ce spectacle : c’est à
la fois très intelligent et très bête, est c’est génial.
Je vais alors parler d’Antoine Defoort, celui des deux
créateurs de Germinal dont je connais un peu le travail. Il avait présenté Cheval, avec son acolyte Julien Fournet
au Festival d’Avignon il y a quelques années. Antoine Defoort est un habitué
des expérimentations à base de numérique, de musique et de tout ce qui lui
vient à la main, le tout baigné dans beaucoup d’humour et de n’importe quoi ou
presque. Tout comme le moment de Cheval,
ou l’un des comédiens joue un morceau classique à la flûte à bec (avec sa
narine si je m’en souviens bien) et qu’il fait les chœurs ou l’un des
instruments avec des extraits de commentaires footballistiques qui respectent
les bonnes tonalités.
Je
vous invite maintenant à faire un tour sur le site Internet de l’Amicale de
production (http://www.amicaledeproduction.com/), leur société basée à Lilles,
et qui ne manque pas non-plus d’humour.
Autre
point important, Halory Goerger & Antoine Defoort deviennent à partir de
septembre 2013 artistes associés au Beursschouwburg. N’oubliez pas cela, et
jetez vous sur les présentations de travaux, les rencontres ou tous moments qui
sera proposé dans ce lieu en leur compagnie.
Et pour toi futur festival d'Avignon en juillet prochain, si t'as pas vu Germinal t'as raté ton festival.
Article publié ICI dans le Suricate magazine n°19