lundi 20 mai 2013

Keersmaeker et Charmatz réunis


Partita 2 - Sei solo Kunstenfestivaldesarts
Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker
En collaboration avec Boris Charmatz
Danse Anne Teresa De Keersmaeker, Boris Charmatz

Voici ce qui est probablement la ou plutôt les têtes d’affiche du Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles et qui le sera probablement aussi au Festival d'Avignon en juillet.

D’un côté, Anne Teresa de Keersmaeker. Danseuse et chorégraphe flamande qui a participé au renouvellement du langage chorégraphique de la danse contemporaine au début des années 1980. Son troisième spectacle Rosas danst Rosas, créé en 1984, est probablement le plus beau spectacle de danse que j’ai vu jusqu’ici et d’autres personnes plus âgées doivent pouvoir en dire autant. Anecdote du jour : c’est de ce spectacle que Beyoncé a plagié une partie de la chorégraphie pour l’intégrer à son clip Countouwn. La renommée d’Anne Teresa de Keersmaeker n’est donc plus à faire et son rythme de création est toujours élevé. Mais revenons-en à notre spectacle.

De l’autre côté, donc, Boris Charmatz. Danseur et chorégraphe français reconnu comme le chef de file français de la nouvelle génération dans les années 1990. Il questionne principalement le rapport au corps et la non-danse. Il a, par exemple, présenté un spectacle très controversé lors Festival d’Avignon en 2011. Enfants mêlait sur scène des adultes et des enfants dans des chorégraphies questionnant le rapport au corps entre enfants et adultes.

Voici donc ces deux artistes renommés qui se rencontrent sur le plateau pour danser ensemble sur la Partita 2 pour violon de Johann Sébastian Bach. La scénographie est très sobre. La scène est dénudée et seule une lumière dessinant le cadre de la porte par laquelle elle passe, nous offre un élément très marqué. D’ailleurs, le spectacle commence dans le noir complet. Pas étonnant quand on connaît les deux artistes qui aiment bien débuter leurs spectacles sans danse ou au pire en partant d’un mouvement très faible. Le début est donc ici consacré au morceau de J.- S. Bach, que nos oreilles peuvent alors tranquillement étudier, décortiquer ou tout simplement savourer.

C’est ensuite qu’arrive les deux danseurs et danseuses, exécutant des gestes et pas au caractère plus ou moins aléatoire, plus ou moins déterminé mais ne cessant de se répondre l’un l’autre. Cet esthétique de la répétition donne des apparences de découverte. Ils se découvrent l’un l’autres, découvrent leurs manières de danser respectives, et tentent de retranscrire à leur manière la musique. Des gestes maladroits, enfantins, aux courses en cercle comme on joue au chat et à la souris, c’est vraiment l’impression de découverte de soi et de l’autre qui m’a le plus marqué dans ce spectacle.

La troisième partie du spectacle consiste en leurs danses, auxquelles s’ajoute la musique Partita 2 de J.- S. Bach exécutée par la violoniste Amandine Beyer dans l’aire de danse. La construction en trois parties rend le spectacle très équilibré et très varié. De plus les trois parties sont complémentaires mais elles ont clairement leur intérêt propre si on les prend individuellement. Moi qui suis loin d’avoir apprécié tout ce que j’ai vu d’Anne Teresa de Keersmaeker ou le spectacle que j’ai vu de Boriz Charmatz, j’ai était conquis par le résultat que nous offre la rencontre des deux.

Programmé au Festival d'Avignon, ce spectacle risque de nous offrir un beau moment dans la mythique Cour d'Honneur du Palais des Papes. Reste à voir comment nos deux danseurs géreront l'immensité du plateau à deux.

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