lundi 18 mars 2013

Allô, Tanger ! Vous m’entendez ? Allô, Tanger ! Non mais Allô quoi !


Le mouton et la baleine Théâtre Océan-Nord
Jasmina Douieb / Cie Entre chiens et loups
Ecriture Ahmed Ghalazi

Un cargo russe heurte une embarcation remplie de clandestins marocains. Le capitaine décide de stopper le cargo et lance un appel pour que quelqu’un vienne chercher les corps ainsi que l’unique rescapée, afin que l’équipage puisse continuer sa route. C’est alors une nuit de négociations qui débute, qu’elles soient avec les autorités qui se rejettent la responsabilité ou entre les personnes présentes sur le bateau.
Chacun avec ses convictions ou espoirs, les personnages vont réfléchir, débattre et agir, de la manière qu’il pense être la bonne, et qui ne s’accorde évidemment pas à celles des autres.


L’auteur, Ahmed Ghalazi, entremêle les points de vue tout en mettant en place une histoire bien ficelée au cours de laquelle les intrigues se compliquent ou se démêlent et ou la surprise est toujours possible. Cependant, on peut facilement reprocher au texte des personnages très caricaturaux. Un capitaine du bateau qui tient à ce les corps soient récupéré afin qu’il n’ai pas d’ennuis. Des membres de l’équipage des plus racistes qui soit, qui organise une chasse à la survivante tout en comparant les personnes noires à des animaux. Le médecin du bateau, humaniste, qui tient à s’occuper de la rescapée. Un couple de français, dont l’homme est un marocain immigré en France et ayant obtenu la nationalité, et qui vit une crise identitaire face à sa compagne française de souche qui ne peut rien n’y comprendre. Et bien entendu, la survivante ayant à se cacher de l’équipage tant bien que mal.

Alors que les premières apparitions des personnages tranchent avec la scène d’introduction magnifique, la metteure en scène va réussir à faire, à partir d’un texte très inégal, un très beau spectacle.

La scénographie est composée d’une structure placée au centre de la scène qui tangue suivant les déplacements des personnes. Au fond de celle-ci sont alignées plusieurs portes, qui permettent aux personnages d’aller et venir sur ce qui semblent être le pont. Sur le reste de la scène sont entreposés des vêtements, représentant la mer méditerranée, et symboliquement peut-on penser, les cadavres qui en jonchent le fond.

Jasmina Douieb, la metteure en scène, et sa compagnie, « Entre chiens et loups », ont choisi de faire une création qui soit ancrée dans son territoire, c’est-à-dire Bruxelles. Pour ce faire, elle a travaillé avec l’association « Globe Aroma » dont le principe est de créer des projets artistiques avec des primo-arrivants comme support à l’insertion sociale, et a choisi comme lieu de résidence et de création le théâtre Océan-Nord : « Je voulais aussi li trouver un lieu atypique pour le créer et à ce titre le Théâtre Océan Nord y répond admirablement parce qu’il est, entant qu’espace dédier à la scène, à la fois construit, mais aussi un peu hors les murs, il raconte autre chose que sa fonction de théâtre, quelque chose d’urbain ».

Ainsi, aux personnages déjà présentés, s’ajoutent des musiciens et comédiens primo-arrivant à Bruxelles, qui font vivre cette mer méditerranée et viennent se mêler aux discours des personnages, ou parfois les interrompre, au rythme de musiques africaines, avec parfois du texte « slammé » ou encore des scènes très chorégraphiées.
Grâce aux musiques et à ces musiciens présents autour du bateau, la Jasmina Douieb ajoute rend un caractère onirique encore plus fort aux moments du textes qui sortent du cadre réaliste de l’intrigue pour lui conférer son statut de conte.

Ce sont justement ces moments auxquels stoppent les dialogues d’opinion tentant de ranger le spectateur d’un côté ou de l’autre, et où par le fantastique, le et la mise en scène embarquent le spectateur et lui proposent de réelles réflexions et émotions, sans lui dicter les réponses.
Publié dans Le Suricate n°10

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