lundi 18 mars 2013

Et il n'y a pas que le terrain...

Terrain vague Théâtre Marni
Ecriture Thibaut Nève
Mise en scène Jessica Gazon
Jeu Céline Peret, Quentin Marteau
« 1982. Liège. Une femme perd la vue et donne naissance à une fille, Céline. 
Entre déni et abandon, la gamine devient les yeux de sa mère : au marché, sur la mobylette, pour s’habiller. 
Elle sent les regards des autres sur elle, intrigués, tranchants, gênés. 
Céline quitte sa mère, rencontre un homme, et tombe enceinte. 
C’est une fille. 
Comment être mère quand on a joué à être la mère de sa mère ? 
Comment ne pas reproduire, ne pas salir ? Comment aimer ? 
Elle manque d’air. Son rôle la pèse, la submerge, l’engloutit.»
Voici le texte de présentation et c’est là toute l’essence de la pièce. Céline est dans le salon, le père de son enfant n’est pas loin, il s’occupe de la petite. Entre un bain, une histoire et des trajets jusqu’à sa fille qui réclame sa mère, Quentin essaye tant bien que mal de parler à Céline mais cette dernière n’est pas d’humeur, elle n’y arrive pas. Elle n’arrive pas à s’occuper de sa fille, à aller la voir quand elle entend son nom crié à travers le babyphone, à répondre à sa mère qui la harcèle au téléphone, mais elle n’arrive pas non-plus à ne plus penser à cette dernière. C’est d’ailleurs pourquoi elle la raconte.

L’espace scénique est divisé en deux. Le salon sur la scène, et en contre-bas une chaise à proximité des spectateurs qui sont assis en arc de cercle par rapport à elle. Le salon est le quotidien de Céline, celui qu’elle n’arrive pas à gérer donc à affronter, et qu’elle fuit en se plongeant dans ses pensées, dans lesquelles elles se rapproche du public pour lui raconter son enfance afin que l’on comprenne, et elle en même temps, pourquoi elle n’arrive pas à faire face à son rôle de mère. De la description de sa mère elle en arrive très vite à l’imitation ou l’incarnation suivant les moments.

Le spectacle est plutôt bien rythmé et l’on ne s’y ennui pas. L’alternance du réel et de l’imagination partagée avec le public est bien exécutée, et la rencontre des deux univers lors de la lecture de Blanche-Neige faite par le père est un bon et beau moment. Cependant, au-delà de l’humour cynique maitrisé et des deux comédiens parfaitement dans leurs rôles, il est difficile de trouver à ce spectacle un intérêt évident. Une mère qui raconte son enfance pour expliquer ses problèmes ne suffit pas à faire un sujet, sauf si cela est parfaitement maitrisé, mais bien d’autres auteurs contemporains font cela de manière à la fois toute aussi personnelle mais bien plus magistrale.

Il reste à la fin du spectacle une petite impression de vide, de ne pas avoir vu de début et de fin, de ne pas avoir suivi une histoire réellement construite autour d’une intrigue. Il manque selon moi un prétexte, un élément perturbateur ou un événement quelconque qui provoquerait à Céline le besoin de faire le point. Hors j’ai eu l’impression d’être dans une journée normale de quelqu’un ayant des problèmes, dont la source n’est peut-être pas commune, mais dont le mal-être provoqué est montré tel quel avec trop peu de recherche supplémentaire.
Publié dans Le Suricate n°13

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